Découvrez le programme que nous menons depuis 2013 en collaboration avec WWF pour l’étude de la biodiversité aquatique dans le Mékong grâce à l’ADNe.
Le Mékong : un écosystème remarquable
Le Mékong s’étend sur près de 4900 km, traversant le plateau tibétain, la Chine, la Birmanie, le Laos, la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam. Il abrite la biodiversité aquatique la plus importante du monde après l’Amazone, avec notamment 1300 espèces de poissons peuplant les principaux canaux, affluents et zones humides associées. Ce fleuve est considéré comme un habitat, un couloir de migration et de reproduction essentiel pour de nombreuses espèces d’importance économique et écologique. La biodiversité dans le bassin inférieur du Mékong est également fondamentale pour la viabilité des 55 millions de personnes qui y vivent.
Une biodiversité extraordinaire mais fragile
En raison de l’accroissement de la population humaine, du développement d’infrastructures (routes, ports, barrages hydroélectriques, etc.), de la conversion des rives en terrains agricoles, de la surpêche et de la chasse, les habitats sont perdus ou dégradés et la mégafaune du Mékong est aujourd’hui en danger. De nombreuses espèces menacées ou prioritaires habitent le fleuve Mékong, notamment des mammifères, comme le Dauphin de l’Irrawaddy, des reptiles, comme le Crocodile du Siam, ou des oiseaux, tels que l’Ibis géant. Le Poisson-chat géant du Mékong, un des plus grands poissons d’eau douce, est également en danger critique d’extinction. La connaissance de sa distribution est limitée en raison des difficultés liées au suivi de cette espèce rare et discrète. Les menaces qui pèsent sur le Poisson-chat géant, telles que le développement des infrastructures, la surpêche, la destruction des habitats de reproduction ou la pollution, ont conduit le nombre total d’individus à chuter d’environ 90% dans les dernières décennies, et seules quelques centaines d’individus survivent aujourd’hui.
Comment l’ADNe peut contribuer à la conservation de la biodiversité dans le Mékong
Pour préserver cet environnement, il est nécessaire de renforcer les inventaires de la biodiversité afin de mieux connaitre les espèces présentes dans le Mékong et de suivre régulièrement l’évolution de cette biodiversité. Cependant, ces informations peuvent être difficiles à obtenir en utilisant des méthodes d’inventaires traditionnelles, en particulier pour le suivi d’espèces menacées qui sont généralement présentes en faible densité et localisées dans des habitats parfois difficilement accessibles.
Dans le cadre du Programme « Living Mekong », WWF-Laos et SPYGEN ont établi en 2013 une collaboration visant à évaluer le potentiel de l’utilisation de l’ADN environnemental (ADNe) pour renforcer les actions de conservation et de gestion de la biodiversité dans le fleuve Mékong. Deux types d’approches ADNe sont testées dans ce projet : une approche spécifique (VigiDNA S), utilisée pour le suivi d’espèces menacées, comme le Poisson-chat géant, et une approche multi-spécifique (VigiDNA M), permettant un suivi plus global de la biodiversité aquatique du Mékong. Les résultats obtenus dans ce programme permettront de donner des recommandations et des lignes directrices pour suivre la biodiversité grâce à l’ADNe dans le bassin du Mékong, et plus largement, dans des écosystèmes aquatiques complexes et peu étudiés.
Actualités sur ce programme :
04/14 – 05/14 : Echantillonnage sur le terrain / 36 prélèvements d’eau courantes sur 12 sites différents (Cambodge – Laos).
11/14 : Analyse des échantillons en laboratoire (SPYGEN – France).
04/15 : Présentation des premiers résultats de ce projet lors du congrès annuel ATBC (Phnom Penh ; Cambodge) – Session plénière : « Knowing but not seeing: non invasive DNA sampling for monitoring Asia’s threatened biodiversity ».
04/15 : Echantillonnage sur le terrain / 10 prélèvements d’eau courantes sur des affluents. (Cambodge – Laos)
09/15 : WWF International : Environmental DNA testing on Mekong river.
12/15 : Analyse des résultats obtenus (SPYGEN – France).