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Suivi du Triton crêté

Les scientifiques de Freshwater Habitats Trust, SPYGEN, l’Université de Kent, ARC et Natural England ont récemment publié les résultats de leur étude visant à développer un réseau national de suivi du Triton crêté au Royaume-Uni grâce à l’ADN environnemental.

« Using eDNA to develop a national citizen science-based monitoring programme for the great crested newt (Triturus cristatus) ». Cette étude de Biggs et al., publiée dans le journal « Biological Conservation » en Mars 2015, avait pour objectif principal d’évaluer l’efficacité de la méthode « ADN environnemental » (ADNe) pour le suivi du Triton crêté au Royaume Uni. Le deuxième objectif était d’étudier si les prélèvements ADNe pouvaient être effectués par des bénévoles, afin de pouvoir développer un programme de suivi de l’espèce à l’échelle nationale.


Le Triton crêté : une espèce protégée en Europe

Le Triton crêté (Triturus cristatus) est une espèce d’amphibien appartenant à la famille des Salamandridae. Il est présent en Europe et dans certaines parties de l’Asie. Depuis les années 1940, un déclin de ses populations a été observé dans la majeure partie de l’Europe en raison de la dégradation de ses habitats, liée notamment aux changements de pratiques agricoles. Le Triton crêté est aujourd’hui une espèce protégée à l’échelle européenne et sa conservation nécessite la création ou la restauration d’habitats de bonne qualité (mares entourées d’habitats terrestres adaptés) et un suivi rigoureux de sa répartition.


Efficacité de la méthode « ADN environnemental »

Les méthodes d’inventaire conventionnelles nécessitent des efforts de prospection importants pour confirmer que le Triton crêté est absent sur un site. Ces contraintes ont jusqu’à présent empêché la mise en place d’un programme de suivi de l’espèce à l’échelle du Royaume-Uni. Dans cette étude, l’approche ADNe a été comparée avec les 3 principales méthodes d’inventaire recommandées au Royaume-Uni pour la détection du Triton crêté : le comptage avec une lampe-torche, le piégeage par bouteille des adultes et la recherche des œufs.

L’étude a été menée sur 35 sites où l’espèce était présente, avec 4 passages effectués pendant la saison de reproduction. L’approche ADNe a permis de détecter le Triton crêté 139 fois sur 140 (détectabilité de 99.3 %). Le piégeage par bouteille, le comptage à la lampe-torche et la recherche des œufs étaient significativement moins efficaces, avec une détection de l’espèce dans 76%, 75% et 44 % des cas respectivement. Des analyses ont également été effectuées sur des sites où l’espèce était absente (60 mares) et les résultats ADNe ont tous été négatifs.


Le recours à des bénévoles pour la collecte des échantillons ADNe

L’acquisition de données sur toute l’aire de répartition du Triton crêté serait un travail insurmontable sans l’aide de bénévoles. Dans cette étude, des volontaires ont effectué des prélèvements ADNe à travers le Royaume-Uni, après avoir suivi une formation à l’échantillonnage. Ces volontaires, qui n’étaient pas des experts dans le suivi des Amphibiens, ont permis de détecter le Triton crêté sur 219 des 239 sites sur lesquels la présence de l’espèce était avérée (soit 91.3%). Ainsi, l’utilisation de l’approche ADNe combinée à l’échantillonnage par des bénévoles pourrait considérablement augmenter le nombre de suivis d’espèces et de communautés, notamment dans des habitats d’eau douce, tout en gardant une forte crédibilité scientifique.


Conclusion

Cet article a démontré que l’approche ADNe était plus efficace que des méthodes d’inventaire classiques pour la détection du Triton crêté. De plus, des bénévoles formés simplement à l’échantillonnage ADNe ont pu réaliser les prélèvements avec succès, ce qui permet d’envisager la mise en place d’un programme national participatif pour le suivi de cette espèce par l’ADNe. Plus généralement, cet article suggère que l’approche ADNe pourrait être utilisée dans des programmes de suivi de la biodiversité menés par des volontaires.


Eva Bellemain – SPYGEN


Pour en savoir plus, vous pouvez télécharger : Biggs et al. 2015.

© Photo Triturus cristatus – Jelger Herder